L’approche multi-factorielle de la performance
INTERVIEW STEVAN KERVADEC
Bonjour Stevan, tout d’abord présente-toi : Qui es-tu ? Ta spécialité ? Ton activité ?
Stevan : Je m’appelle Stevan Kervadec, je suis spécialisé dans l’approche multi-factorielle de la performance. Je suis également cycliste depuis six ans, au niveau continental c’est à dire la troisième division mondiale. Et mon métier de coach consiste à accompagner des sportifs : cyclistes et footballeurs puisque ce sont mes spécialités. Ce sont des sports que je connais depuis longtemps donc je peux avoir une approche assez pertinente de ces disciplines.
Peux-tu définir ce qu’est l’approche multi-factorielle de la performance ?
Stevan : L’approche multi-factorielle de la performance, c’est une approche où on prend en compte différents paramètres, différents leviers de la performance. Ces leviers ce sont des habiletés ou des techniques qui vont permettre aux athlètes de devenir plus forts. Cette approche englobe la nutrition, l’entraînement sportif, la récupération, l’hydratation… Le facteur psychologique aussi est important, avec l’accompagnement mental des athlètes et tout ce qui concerne l’hygiène de vie en général. La santé est également au coeur de cette approche parce que nos corps ne sont pas des machines inépuisables et qu’il faut savoir les gérer.
C’est cette approche, que j’essaye d’appréhender avec mes sportifs. Aller chercher la notion de performance et de dépassement, mais en respectant aussi ses limites et en permettant de durer dans le temps, parce que c’est un aspect qui est souvent négligé. On pense beaucoup à la performance, à développer les qualités physiques mais on oublie trop souvent la longévité d’un athlète.
Existe-t-il une liste exhaustive des facteurs à prendre en compte ? Est-ce que tous les coachs utilisent les mêmes facteurs ? Et ont-ils évolué au cours du temps ?
Stevan : Non, il n’existe pas vraiment de liste exhaustive. Il n’existe d’ailleurs pas de grandes évolutions au niveau de ces facteurs même si l’aspect « nutrition » est apparu un peu plus tardivement. Que ce soit l’entraînement ou l’aspect psychologique, ce sont des facteurs primordiaux pour être performant qui ont toujours été utilisés même sans s’en rendre compte. On travaille toujours avec le mental des athlètes, même pour quelqu’un qui n’est pas dans le milieu de la préparation mentale.
Il y a par ailleurs toujours une approche psychologique, puisqu’on a affaire à des êtres humains. En fait, tout ce qui est au niveau cognitif, au niveau social, des relations avec les autres ou de l’estime de soi, de la confiance, ce sont des paramètres qui existent déjà depuis longtemps. La plus grosse évolution concernerait plutôt les données récoltées et le phénomène de data et d’analyses chiffrées dans le sport qui se développent beaucoup ces dernières années.
Finalement, la seule vraie chose qui change, c’est l’approche et les techniques mis en place pour optimiser ses facteurs.
Quels sont les facteurs que tu utilises le plus ? Les facteurs qui sont utiles dans toutes les disciplines ?
Stevan : Je suis plutôt axé sur l’analyse de la performance, tout ce qui est prélèvement sanguin avec le lactate, suivi des courbes de puissance, les variations, la fréquence cardiaque… Tous ces paramètres assez centraux que l’on trouve dans la performance et qui sont pour moi vraiment la base de la construction d’une pyramide de performance. Bien sûr, il y a beaucoup d’autres paramètres importants.
C’est justement tout l’aspect de mon métier, c’est qu’il n’y a pas un facteur ou une thématique qu’on va développer indépendamment des autres. Tout les facteurs de la performance travaillent en synergie, sont complémentaire et doivent être traités collectivement. Quand je parle de deux des filières énergétiques, je suis obligé d’intégrer des données sur la nutrition, ça ne va pas l’un sans l’autre. Il faut bien être cohérent sur ce discours.
Tu fais du football et du cyclisme, est-ce qu’il y a des disciplines où l’approche multi-factorielle est plus utile ou pertinente ?
Stevan : Ce n’est pas plus pertinent dans certaines disciplines, parce que c’est nécessaire dans tous les sports. Même les sports qu’on peut penser moins « physiques », comme le tir à l’arc ou le golf, il y a aussi les mêmes besoins d’analyse de performance. Après c’est vrai que nous, en cyclisme, on les utilise beaucoup parce que on sait que c’est très important et qu’on en est presque dépendant.
Pour le football, c’est également en train de se développer et on voit déjà les résultats, surtout dans les clubs de haut niveau. Cela se développe de manière générale, dans les clubs, dans les structures sportives de haut niveau pour le suivi des athlètes : monitoring, data… J’ai l’impression qu’on a quand même aujourd’hui une meilleure approche et que c’est accessible à plus de monde.
L’approche multi-factorielle est-elle très développée dans le coaching sportif ?
Stevan : Ça dépend, quand on parle du haut niveau, oui, c’est assez utilisé. Tous ceux qui travaillent avec des athlètes de top niveau, par exemple, qui préparent les athlètes aux jeux olympiques là, dans six mois, oui, bien sûr, ils l’utilisent. Après, c‘est comme dans tous les milieux, il y a des personnes qui ont plus de compétences, qui ont peut-être plus d’expérience. Certains coachs sportifs ont aussi passé plus de formations pour apprendre à utiliser ces outils.
A l’inverse, il y a aussi des personnes qui n’utilisent pas tout ça et qui ont des très bons résultats avec leurs athlètes. Finalement c’est assez difficile à dire si les autres coachs sportifs utilisent bien ou pas cette approche multi-factorielle. Est-ce qu’ils l’utilisent tout simplement ? J‘ai l’impression quand même que ça s’est développé un peu ces dernières années.
Existe-t-il des facteurs qu’on ne peut pas améliorer (génétique ?)
Stevan : Il y a des qualités physiques notamment, qui sont vraiment limitées par notre génétique, par exemple les qualités de vitesse. Un athlète qui sera pas rapide, qui aura des niveaux faibles en vitesse max, par exemple, ça va être très difficile d’améliorer cet aspect. On pourra toujours optimiser, mais ça restera un niveau plutôt modeste.
Il y a plusieurs aspects, comme la VO2max, le volume de la consommation maximale d’oxygène, qui reste quand même limité par notre génie génétique, même si on peut toujours l’améliorer avec du travail et gagner quelques pourcentages. Mais voilà, on reste limité physiologiquement, il y a des paramètres qu’on peut faire évoluer, mais de manière très modérée. Donc l’idée c’est de compenser sur d’autres facteurs.
Mon rôle aussi en tant que coach sportif, c’est de faire garder la tête sur les épaules aux athlètes, rester humble face à un triomphe ou résilient face à un échec. L’idée c’est de leur faire mesurer les choses, leur dire quelles sont leurs limites, les axes de développement et ceux où ils n’auront pas ou peu de résultats.
Si tu devais retenir un facteur, le plus important, celui utilisé dans tous les sports, et qui est un pilier de la performance ?
Stevan : Ils sont tous importants. Après si je dois choisir je citerai le facteur psychologique, ça reste quand même, je pense, la base de tout. Dans la carrière d’athlète de haut niveau, il y a tellement de moments durs que cet aspect est une priorité. Je ne peux pas donner des chiffres exacts, mais un athlète sportif pro passe 90/95% de son temps à échoué. Il faut donc avoir des capacités psychologiques assez développées pour continuer de s’acharner.
Par exemple, aujourd’hui, les joueurs de foot ont quand même pas mal de pression. C’est un sport très suivi à travers le monde, il y a beaucoup de médiatisation autour d’eux. Ils sont régulièrement lynchés sur les réseaux sociaux, internet… il faut quand même avoir la tête sur les épaules et savoir prendre un minimum de recul pour pouvoir tenir. Par ailleurs, ne serait-ce que pour s’entraîner quotidiennement, y retourner, s’acharner, faire preuve de résilience face à la difficulté, il faut une grande force mentale.
Retrouvez Stevan sur Instagram : @stevankervadec_coachsportif
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