Entrainement sportif amateur :

QUELLE ERREUR ÉVITER ?

INTERVIEW DE ERWAN LATUS

AVANT-PROPOS

Dans un monde où la frontière entre le bien-être et la performance sportive devient de plus en plus floue, l’interview d’Erwan, expert en course à pied, offre des éclairages précieux. Quel entrainement pour un marathon ? Quel entrainement faire a la salle ? Quel entrainement pour brûler les graisses ? Beaucoup de questions auxquelles la réponse n’est pas toujours simple. Débuter et suivre un entrainement sportif rigoureux demande de la motivation, de la résilience mais aussi un peu d’aide extérieure pour éviter certaines erreurs. Aujourd’hui, on parle de l’une de ces erreurs en particulier : Calquer son entrainement sportif amateur sur celui d’un professionnel ! C’est parti 🚀

Bonjour Erwan, tout d’abord présente-toi : Qui es-tu ? Ta spécialité ? Ton activité ?

Erwan : Je m’appelle Erwan, j’ai 41 ans. Mon histoire avec le sport commence dans un petit village du Poitou où j’ai joué au football pendant 25 ans. C’était une passion, mais avec l’arrivée de ma première fille, j’ai dû trouver un équilibre différent. J’ai alors découvert la course à pied, qui est rapidement devenue plus qu’un simple passe-temps. Courir seul, changer constamment d’itinéraires, participer à des compétitions… cela m’a ouvert un tout nouveau monde.

Finalement, cette passion m’a conduit à une reconversion professionnelle. Après des années de pratique, je suis retourné sur les bancs de l’école pour obtenir un diplôme d’éducateur sportif au CREPS de Poitiers, suivi de certifications en préparation physique et nutrition sportive. Aujourd’hui, je mets toute cette expérience au service de mes clients, avec un focus particulier sur le trail, tout en travaillant avec une grande variété de publics.

Quelle est la principale différence entre la préparation physique d’un athlète amateur et celle d’un professionnel ?

Erwan : La distinction majeure repose sur l’organisation de la vie quotidienne et les objectifs fixés. Un professionnel va structurer sa vie autour de son sport, avec des ambitions claires en termes de performances et de résultats. Sa routine, son alimentation, son repos, tout est méticuleusement planifié.

En revanche, un amateur doit équilibrer sa passion avec d’autres responsabilités : famille, travail, loisirs. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas sérieux dans leur engagement, mais leur approche doit être différente, plus flexible. Un amateur ne peut pas simplement copier le programme d’un professionnel et s’attendre à réussir sans compromettre sa santé ou son bien-être. C’est là que réside le véritable défi : trouver le bon équilibre.

Entrainement sportif amateur

Quels sont les risques principaux pour un amateur qui adopterait un programme de préparation physique destiné aux professionnels ?

Erwan : Les risques d’adopter aveuglément une routine professionnelle sont nombreux, mais le plus évident est le risque de blessure. Le surentraînement, sans une récupération adéquate, peut rapidement conduire à des blessures qui mettent fin à la pratique sportive, parfois de manière permanente. Certains amateurs peuvent réussir des séances énormes proche de celle des pros, la différence c’est qu’ils auront besoin d’une récup beaucoup plus longue.

Mais au-delà des blessures physiques, il y a un risque psychologique. L’échec à atteindre des objectifs irréalistes peut entraîner une perte de motivation, voire un abandon total du sport. De plus, il y a un risque de déséquilibre dans la vie personnelle, où la quête d’une performance sportive prend le pas sur les relations familiales et sociales. J’ai vu des athlètes amateurs s’isoler, négliger leurs proches, tout cela pour suivre un programme qui n’était pas conçu pour eux.

Comment détectes-tu les signes de surmenage chez tes clients amateurs ?

Erwan : Reconnaître les signes de surmenage commence par l’écoute et l’observation. Lorsqu’un client vient me voir avec des ambitions de grand volume d’entraînement (parfois 4, 5 ou 6 séances/semaine) mais une expérience limitée, c’est souvent un premier « red flag ». J’essaie de comprendre leur motivation réelle, qui va souvent au-delà du sport lui-même.

Parfois, le sport est un exutoire pour d’autres défis dans leur vie. Lorsque les attentes en matière d’entraînement ne correspondent pas à leur niveau d’expérience, c’est là que le dialogue est crucial. Je cherche à comprendre leur quotidien, leur relation avec le sport, et à partir de là, j’adapte l’entraînement pour qu’il soit réaliste et satisfaisant. L’objectif est de créer un programme qui soutient non seulement leurs ambitions sportives mais aussi leur bien-être général.

Entrainement sportif amateur
Entrainement sportif amateur

Y a-t-il une croyance populaire chez les amateurs qui peut s’avérer néfaste ?

Erwan : Une des croyances les plus répandues et potentiellement dangereuses est que pour réussir, il faut s’entraîner comme un professionnel. Cette idée est souvent renforcée par les réseaux sociaux, où les routines d’entraînement des élites sont largement diffusées et glamourisées. Quel sportif aujourd’hui ne suis pas un professionnel de sa discipline que ce soit sur Strava ou Instagram ? Beaucoup pensent que s’ils ne suivent pas ces programmes intensifs, ils n’atteindront pas leurs objectifs.

Cette mentalité ignore les différences fondamentales en termes de récupération, de soutien nutritionnel et médical, et surtout, de vie quotidienne entre professionnels et amateurs. Il est essentiel d’avoir des conversations honnêtes sur les attentes réalistes et de rappeler aux amateurs l’importance de personnaliser leur approche pour qu’elle corresponde à leur propre corps, leur expérience et leur vie.

Peux-tu partager une anecdote marquante concernant un de tes clients ?

Erwan : Une histoire qui me revient souvent concerne un client qui, dans sa quête pour suivre un programme intensif, s’est retrouvé épuisé et perdu lors d’une longue sortie en montagne. Parti sans préparation adéquate, il a surestimé sa capacité à suivre un entraînement conçu pour des athlètes bien plus expérimentés. Le résultat a été non seulement une fatigue extrême mais aussi un sentiment d’isolement et de vulnérabilité.

Cette expérience a été un tournant pour lui (et une leçon pour moi en tant que coach) sur l’importance de l’humilité dans l’entraînement et la nécessité d’écouter son corps. Cela a renforcé ma conviction que l’entraînement doit être adapté à l’individu, pas l’inverse.

Par ailleurs, je ne compte même plus le nombre de sportif que j’ai vu se priver « socialement » pour leur sport. Dire non à une bière le vendredi soir parce que le lendemain matin c’est sortie longue… Beaucoup de sacrifices qui ne sont à mon sens pas forcément nécessaire et qui rajoute une charge mentale pour finalement assez peu de bénéfices. Oui, il faut faire attention à ne pas consommer des choses « mauvaises » de façon excessive mais il ne faut pas non plus supprimer toutes les sources de plaisir.

Entrainement sportif amateur

L’imitation des professionnels par les amateurs s’étend-elle au-delà de l’entraînement, comme dans le choix de l’équipement par exemple ?

Erwan : Absolument, et c’est un domaine où les excès peuvent être aussi contre-productifs que dans l’entraînement lui-même. Investir dans du matériel haut de gamme peut donner l’impression d’une amélioration immédiate des performances, mais cela peut aussi mener à une dépendance vis-à-vis de l’équipement plutôt que d’une amélioration de la condition physique et de la technique.

Cela dit, il n’est pas question de stigmatiser ceux qui choisissent du matériel de qualité ; le confort et la sécurité sont primordiaux. Tu veux une chaussure avec plaque carbone pour ton premier marathon ? Va au magasin et essaye-là. Si tu es à l’aise avec, c’est l’important ! Cependant, il est important de rappeler que l’équipement ne remplace pas l’entraînement, l’expérience et, surtout, le plaisir du sport.

En tant que coach, quelle est ton approche pour les amateurs par rapport aux professionnels ?

Erwan : Ma philosophie d’entraînement est fondamentalement la même pour tous : respecter l’individu. Cependant, l’application de cette philosophie varie grandement. Pour les amateurs, je mets l’accent sur le plaisir, l’équilibre et la progression durable. Les objectifs sont importants, mais ils ne doivent pas compromettre la santé ou le bien-être.

Pour les athlètes plus avancés ou semi-professionnels, l’approche est plus rigoureuse, avec un accent sur le dépassement des limites personnelles et l’atteinte de performances spécifiques. Dans les deux cas, la communication est clé pour s’assurer que les objectifs, les méthodes et les attentes sont alignés et réalistes.

Quel conseil donnerais-tu à un amateur se lançant dans une préparation physique ?

Erwan : Le conseil le plus important que je puisse donner est d’écouter son corps et de suivre son instinct. Le corps a une manière incroyable de nous dire ce dont il a besoin et ce qu’il peut gérer. Combine cela avec une bonne dose de curiosité : apprends, échange avec d’autres, absorbe autant d’expériences et de connaissances que possible.

Mais dans ce processus, garde toujours à l’esprit que ton parcours est unique. Ne te laisse pas emporter par les tendances ou les attentes externes. La préparation physique, comme la vie, est un voyage personnel, plein de découvertes et d’apprentissages. Embrasse-le avec enthousiasme mais aussi avec prudence et respect pour toi-même.

Retrouvez Erwan sur Instagram : @erwan_latus_coachsportif

et sur LinkedIn : Erwan Latus

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